Continuum de soins VIH chez l’adulte
Coordonnateur: Thierry TIENDREBEOGO
Suite à l'élargissement des critères d'éligibilité au traitement et aux nouvelles recommandations de l'OMS sur l'utilisation de la charge virale pour le suivi de routine des PVVIH et sur l'introduction du DTG dans le traitement du VIH, les chercheurs du réseau IeDEA Afrique de l’ouest (AO) ont initié des recherches visant à explorer les résultats de la prise en charge des PVVIH avec les nouveaux traitement et les obstacles associés au continuum de soins VIH, du dépistage de l’infection à la rétention dans les soins et à la suppression virale en Afrique de l’ouest.
Les priorités actuelles de cet axe de recherche visent à :
  • Documenter l'accès effectif à la charge virale dans le suivi de routine des PVVIH dans les sites du réseau IeDEA Afrique de l’ouest.
  • Documenter l'accès effectif et le passage aux régimes à base de DTG dans les sites du réseau IeDEA AO et évaluer l’impact sur les résultats du traitement chez les PVVIH, notamment les l’évolution du poids au fil du temps, l'échec virologique et l'attrition.
  • Etudier le continuum de soins VIH, de la mise sous traitement à la suppression virale :
    • Décrire les obstacles individuels et structurels associés au continuum de soins du VIH, du dépistage du VIH à la rétention dans les soins et à la suppression virale dans toute l'Afrique de l'Ouest.
    • Évaluer l'impact des dernières recommandations de l'OMS - relatives à la distribution différenciée des ARV et aux mesures de la charge virale - sur l'attrition, l'observance du traitement et la suppression virale.
    • Évaluer l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les résultats de la prise en charge des PVVIH et sur le continuum de soins du VIH dans les sites adultes du réseau IeDEA AO.
    • Évaluer les différences selon le sexe biologique des prédicteurs de l'échec virologique, du délai pour switcher à une seconde ligne thérapeutique et de la rétention dans les soins des adultes sous traitement antirétroviral de première et de deuxième ligne en Afrique de l'Ouest. (Projet conduite par une investigatrice FIMP).
Cancer
Coordonnateur : Simon BONI
Co-investigateurs : Apollinaire HORO, gynécologue et chercheur ; Aristophane TANON, infectiologue et chercheur. Université Félix Houphouët Boigny, Cote d’Ivoire
Le groupe de travail cancer IeDEA en Afrique de l’Ouest est animé par des chercheurs, cliniciens et épidémiologistes de l’Université de Bordeaux, France et d’Abidjan, Côte d’Ivoire. Ce groupe de travail s’inscrit dans un partenariat fort avec le programme national de lutte contre les cancers de Côte d’Ivoire. Sur la base de leur importance régionale et leur lien avec l’infection à VIH, les principaux cancers étudiés dans le cadre de ce groupe sont les cancers du col de l’utérus, les lymphomes non hodgkiniens et les cancers du foie.
L’ensemble des productions scientifiques issues de ce groupe peuvent être consultées sur le lien suivant : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/myncbi/1T7rbicWes8AQ/collections/61683242/public/
Les objectifs planifiés durant la période 2021-2026 sont les suivants : i) poursuivre des études observationnelles destinées à caractériser les facteurs de risque de cancers associés au VIH. ii) Décrire le continuum de soins des cancers et les barrières dans l’accès au diagnostic et aux soins dans le contexte Ouest Africain iii) Mener une recherche évaluative centrée sur les cancers du col de l’utérus afin de mieux comprendre l’impact des nouvelles stratégies de dépistage destinées à prévenir ces cancers. Cet agenda de recherche repose sur des questions identifiées comme prioritaires aux niveaux national et régional.
Sur un plan programmatique, notre groupe a pour objectif général de contribuer à améliorer la collecte de données liées aux cancers et leur dépistage à un niveau national en Côte d’Ivoire et également au niveau régional au sein des centres de prise en charge du VIH participant à la collaboration IeDEA en Afrique de l’Ouest.
Santé mentale
Coordonnatrice : Charlotte BERNARD
Les chercheurs de la collaboration IeDEA Afrique de l'Ouest conduisent un programme de recherche dans la région, axé sur l'épidémiologie des troubles cognitifs observés chez les personnes âgées vivant avec le VIH (PVVIH), l’épidémiologie de la dépression et de l’anxiété chez les patients nouvellement diagnostiqués et le dépistage et la prise en charge de la dépression chez les adultes PVVIH.
Les initiatives de recherches consistent à :
  • Evaluer la prévalence et les facteurs associés aux troubles neurocognitifs chez les PVVIH sous traitement antirétroviral et âgés de 50 ans et plus au Sénégal et en Côte d'Ivoire.
  • Évaluer l'impact des maladies cardiovasculaires et des facteurs de risque cardiovasculaires sur le fonctionnement neurocognitif chez ces patients au Sénégal et au Nigeria.
  • Évaluer la prévalence et les facteurs associés à la dépression et à l'anxiété chez les PVVIH nouvellement diagnostiqués au Sénégal et en Côte d'Ivoire. L'impact des déterminants psychosociaux (soutien social, stigmatisation, coping) est évalué. Une approche qualitative est adoptée pour étudier les obstacles à l'accès aux soins de santé.
  • Evaluer la faisabilité et l'acceptabilité de la thérapie interpersonnelle de groupe pour traiter la dépression chez les PVVIH adultes au Sénégal. La thérapie est menée par des assistants sociaux ou des travailleurs communautaires formés et supervisés. Une première étude a été menée dans un hôpital de niveau 3. Une deuxième étude va débuter dans un hôpital de niveau 1 et un centre de santé. Une approche qualitative sera également adoptée et une étude de coût sera menée.
  • Evaluer la sensibilité et la spécificité de Patient Health Questionnaire (PHQ-9) comme outil de dépistage et diagnostic de la dépression au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Maladies non transmissibles
Coordonnatrice : Marie Kerbie PLAISY
Le IeDEA est une cohorte prospective observationnelle qui inclut les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), âgées de 40 ans et plus, suivies dans les sites IeDEA des pays à revenu faible et intermédiaire. Ce projet a été lancé en 2019 grâce à des fonds supplémentaires fournis par plusieurs instituts de NIH. Le projet SRN vise à documenter sur les maladies non-transmissibles telles que les maladies cardio-métaboliques, la santé mentale, l’utilisation d’alcool et de drogues, ainsi que les maladies hépatiques dans les régions de l’Afrique de l’Est, l’Afrique Centrale, l’Afrique du Sud, l’Afrique de l’Ouest, l’Asie Pacifique et l’Amérique du Sud. Les objectifs spécifiques du projet SRN sont :
  • Déterminer la prévalence, l'incidence et les prédicteurs des troubles cardio-métaboliques, notamment le diabète de type 2, l'hypertension, la dyslipidémie chez les PVVIH au cours d'une période de suivi de trois ans en se servant d'outils standardisés de collecte de données.
  • Caractériser l'apparition, la chronicité et la gravité des problèmes de santé mentale et de consommation d'alcool et de drogues chez les adultes infectés par le VIH au cours du temps, ainsi que leur interrelation et leur influence sur le continuum de soins VIH.
  • Déterminer la prévalence, l'incidence et l’évolution sur trois ans de l'élévation des enzymes hépatiques (ALT/AST) ainsi que des biomarqueurs non invasifs de la fibrose hépatique (APRI, FiB-4, Fibroscan) et de la stéatose hépatique (CAP, Fatty Liver Index).
Pour le site SRN de l’Afrique de l’Ouest, il est prévu de recruter 600 participants en Côte d’Ivoire (CMSDS-Abidjan) et au Togo (EVT-Lomé). Ces participants seront suivis sur une période de trois ans.
Tuberculose
Coordonnateurs : Olivier MARCY et Eric KOMENA
Titre : Etude de cohorte prospective sur la coïnfection par le VIH et les autres facteurs associés aux issues à court et à long terme chez les patients atteints de tuberculose pulmonaire
Contexte et justification
La tuberculose (TB) et le VIH/sida sont les deux principales causes infectieuses de décès dans le monde (1). La tuberculose est l'infection opportuniste la plus courante chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), et la première cause de morbidité et de mortalité chez les PVVIH des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFM) (2). Mycobacterium tuberculosis (MTB) est responsable des formes pulmonaires et extra-pulmonaires de la tuberculose. Bien qu'il existe des régimes de traitement efficaces pour la plupart des personnes atteintes de tuberculose, ces régimes peuvent avoir des toxicités importantes et sont longs, et les cas de tuberculose résistante aux médicaments (DR-TB) sont encore plus difficiles à traiter et à guérir. Après un traitement antituberculeux, les individus peuvent être exposés à des séquelles pulmonaires post-tuberculose (PTLD ; post TB lung disease en anglais) et à un risque accru de décès (3–5). Cette maladie a été définie comme " la preuve d'une anomalie respiratoire chronique, avec ou sans symptômes, attribuable au moins en partie à une tuberculose pulmonaire antérieure « (6). La PTLD entraîne des degrés variables de déficience physiologique, structurelle et fonctionnelle (7–9). Malgré l’évolution significative des approches de traitement de la tuberculose, nous assistons à un accroissement des DR-TB. Il est donc nécessaire de mener des recherches pour mieux comprendre les résultats du traitement de la tuberculose afin d'orienter les futures politiques et pratiques de prévention et de traitement.
Objectif principal: Evaluer le traitement de la tuberculose pulmonaire et les issues à plus long terme chez les personnes séropositives et séronégatives au VIH.
Objectifs spécifiques
  1. Recueillir et analyser les données cliniques et therapeutiques des personnes traitées pour une tuberculose pulmonaire avec ou sans coïnfection par le VIH, afin d'améliorer la compréhension du pronostic de la tuberculose et de ses conséquences sur la santé, notamment la qualité de vie et la survie.
  2. Évaluer les effets du VIH et du traitement antirétroviral (TARV) sur la symptomatologie de la tuberculose, le diagnostic, la réponse au traitement et la survie.
  3. Décrire les séquelles pulmonaires post-tuberculose (PTLD ; post TB lung disease en anglais), étudier leur association avec le VIH, le diabète, les autres maladies respiratoires chroniques et la consommation de tabac et d'alcool, et mesurer les troubles physiologiques, structurels et fonctionnels, leur impact sur la qualité de vie et la survie.
  4. Evaluer l'efficacité virologique du TARV et son observance chez les PVVIH traitées pour la TB ; documenter chez un sous-groupe de patients et chez les soignants leurs perspectives sur les difficultés et enjeux spécifiques liés à l’observance chez les patients co-traités pour le VIH et la TB.
  5. Evaluer la valeur diagnostique et pronostique potentielle de nouveaux biomarqueurs d’évolution (sévérité et réponse au traitement) chez les PVVIH ayant une tuberculose, ainsi que l’impact de l'exposition aux traitement antituberculeux, et aux antirétroviraux chez les PVVIH, sur la réponse au traitement de la tuberculose et de l’infection à VIH
SCHEMA DE L’ETUDE
  • Étude prospective, observationnelle, non interventionnelle, ouverte au recrutement de PVVIH et de personnes séronégatives chez qui une tuberculose pulmonaire active a été diagnostiquée cliniquement ou confirmée microbiologiquement.
  • Les participants fourniront des données cliniques à des fins de recherche, y compris des spécimens biologiques à des moments précis.
  • Les participants seront suivis pendant la période de traitement de la TB et pendant 12 mois après la fin du traitement.
POPULATION DE L’ETUDE :
Critères d'inclusion
  • Être âgé de ≥ 15 ans.
  • Avoir ≥ 1 des éléments suivants :
    • TB pulmonaire cliniquement diagnostiquée et mise /à mettre sous traitement antituberculeux,
    • TB pulmonaire confirmée microbiologiquement sur la base de crachats ou d'autres échantillons respiratoires
  • Avoir une documentation sur le dépistage du VIH ou être prêt à le faire
  • Avoir signé le consentement éclairé.
Critères d'exclusion
  • Avoir reçu un traitement antituberculeux pendant plus d'une semaine au cours des 30 derniers jours, à l'exception du traitement préventif de la tuberculose.
  • Présenter des troubles cognitifs importants qui, de l'avis de l'investigateur du site ou de la personne désignée, peuvent interférer avec la capacité de donner un consentement éclairé fiable.
TAILLE DE LA POPULATION DE L'ÉTUDE: 2 600 participants seront inclus dans six cohortes prospectives d’IeDEA et des centres de traitement antituberculeux associés. En Afrique de l’Ouest, 300 patients seront inclus dont 100 en Côte d’Ivoire.
DURÉE DE L'ÉTUDE : 24 mois.
SITES DE L'ÉTUDE : 17 sites dans 6 régions IeDEA : Asie-Pacifique (3 sites), CCASAnet (5 sites), Afrique centrale (1 site), Afrique orientale (2 sites), Afrique australe (4 sites) et Afrique occidentale (2 sites : le Cepref à Yopougon, Abidjan et le CHU Sourou Sanon de Bobodioulasso, au Burkina Faso).
Recherche Socio-comportementale
Coordonnatrice : Noëlle BENZEKRI
Contexte: Malgré des progrès biomédicaux significatifs dans la prévention, le diagnostic et le traitement du VIH, il y avait 870 000 personnes infectées par le VIH en Afrique subsaharienne en 2020 et 460 000 décès dus au sida. Comprendre et traiter les obstacles socio-comportementaux et structurels persistants au dépistage et au traitement du VIH est essentiel pour renforcer la cascade de soins et de traitement du VIH et mettre fin à l'épidémie de VIH.
Approche: Nous utiliserons des approches de méthodes mixtes pour développer une compréhension approfondie des facteurs socio-comportementaux et structurels qui ont un impact sur la cascade de soins du VIH en Afrique de l'Ouest. Un sous-ensemble des participants enrôlés dans nos cohortes prospectives en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Nigéria, au Burkina Faso et au Bénin participeront à des entretiens approfondis semi-structurés. Les entretiens exploreront les obstacles sociaux, culturels et structurels au dépistage et au traitement, les expériences d'observance et de rétention, les stratégies d'adaptation, les perceptions de la prise en charge, et les comportements et les croyances en matière de santé. Les participants seront invités à suggérer des stratégies potentielles pour surmonter les obstacles au dépistage du VIH, à la rétention et à l'observance au traitement. Des évaluations quantitatives seront utilisées pour identifier les prédicteurs socio-comportementaux et structurels de la rétention dans les soins, de l'observance au traitement et de la suppression virale. Les résultats qualitatifs et quantitatifs seront intégrés et utilisés pour développer et mettre en œuvre des stratégies d'intervention pour améliorer les résultats du VIH dans la région.
Renforcement des capacités: Nous cherchons à contribuer au renforcement des capacités et à aider à former les futurs chercheurs aux approches qualitatives et mixtes. En collaboration avec des enquêteurs locaux, nous intégrerons un assistant social et un stagiaire de recherche de chaque site dans les procédures d'étude.
Enfants et adolescents vivant avec le VIH
Coordonnatrices : Madeleine AMORISSANI FOLQUET et Valériane LEROY
Grâce au soutien continu du NIH depuis 2006, la base de données pédiatrique sur le sida en Afrique de l'Ouest (pWADA) répond à des questions de recherche hautement prioritaires et rationalise la recherche sur le VIH/SIDA chez les enfants et les adolescents en Afrique de l'Ouest.
Nous proposons de nous appuyer sur ces travaux antérieurs, pour répondre à des questions de recherche spécifiques, notamment la documentation prospective et l’analyse des déterminants de l'accès aux soins du VIH et des résultats de santé à long terme chez les enfants, les adolescents et les jeunes vivant avec le VIH en Afrique de l'Ouest.
Les objectifs prévus pour la période 2021-2026 sont les suivants :
  1. documenter et identifier les facteurs individuels et structurels associés à la cascade de soins, du dépistage du VIH à la rétention dans les soins
  2. Documenter la progression à long terme de la maladie et les corrélations chez les personnes vivant avec le VIH
  3. Documenter l'introduction de nouveaux médicaments antirétroviraux et leur impact sur les résultats du traitement (effets indésirables, suppression virale).
Ce travail contribuera à identifier les modèles de soins visant à améliorer l'accès, le recours et la rétention aux soins chez les personnes vivant avec le VIH, ainsi que les facteurs qui influencent leur succès, et à évaluer le traitement le plus efficace et le plus rentable pour mettre en œuvre les nouvelles directives chez les personnes vivant avec le VIH.
Les travaux de la collaboration IeDEA Afrique de l'Ouest sur les enfants et les adolescents vivants avec le VIH sont dirigés par le Dr Valériane Leroy (Université de Toulouse 3, Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) UMR 1219, Centre d'Epidémiologie et de Recherche en santé des POPulations (CERPOP), Toulouse, France).